L’attraction de la terre

La terre - son histoire et celle des hommes - attire Agnès Francese depuis toujours.
Vers l’âge de 20 ans, elle s’intéresse notamment à la géologie, ainsi qu’à l’archéologie.
Elle s’adonne au modelage et au raku, se lance dans la construction de son propre four, et commence des ateliers.
Durant plusieurs années, travailleuse social, elle n’aura plus assez de temps pour se consacrer complètement à la création.
Plus tard, c’est une évidence, Agnès se libère complètement avec l’argile qui lui permet de s’exprimer.
Elle signera désormais afgaïa, retrouve le raku, créant des bols dans l‘esprit de la cérémonie du thé.
Par ailleurs tout ce qui l’entoure la nourrit, la nature, les histoires aussi que l’enfant solitaire se racontait et qui montent de son inconscient.
Le jardin qui conduit à l’atelier est habité : des pots en terre aux visages expressifs, un lecteur assis au milieu d’un parterre, des figurines se balancent sous l’auvent.
J’avance. L’artiste est au travail avec une image jaillie du tréfonds d’elle-même, parfois un dessin.
Ses mains modèlent plaques, ou colombins, creusent, montent autour du vide pour créer la forme initiale, élaborent, explorent, rajoutent, incorporent, enlèvent, grattent...
La pièce en terre terminée souvent au bout de plusieurs heures, voire plusieurs jours, sera mise dans le four au fond du jardin pour la cuisson ;
le biscuit ou le dégourdi, s’il est en porcelaine ou en grès noir subira une deuxième cuisson à très haute température.
Le gardien de l’atelier avec sa large figure géométrique et ses yeux vides me séduit. Au début mes sculptures étaient sans tête, dit Agnès.
Le cheval, lui, a toujours eu une tête, parfois des ailes; il est cher au cœur de l’artiste, épris, comme lui, de liberté.
Les déesses Cassiopée et Namma rencontrent la Dame des profondeurs. Les bustes, les corps, les figurines dansantes ou enfantines se côtoient sur les étagères.
L’épure des nus, la simplicité avoisinent le complexe et le baroque. A travers les quatre éléments la céramiste cherche un équilibre entre ciel et terre.
Ses sculptures nous entraînent au-delà des Abysses, vers une cosmogonie marine.
Mon regard se détourne, se pose sur de petites toiles, un récent travail liant terre et peinture, où les visages d’enfants aux cheveux dans le vent,
avec un cheval, virevoltant ou lunaire nous parlent de naissance, de joie de vivre. Celle à laquelle aspire Agnès Francese depuis l’enfance.


Marie Paule Richard septembre 2021